La psychologie financière dans la gestion patrimoniale est un pilier essentiel, car les émotions et les biais impactent les décisions des investisseurs. On dit souvent que dans l’existence le choix fait le destin et c’est particulièrement vrai dans la gestion de patrimoine. En effet, pouvoir faire un choix est une forme de liberté et un gage d’autonomie, car cela permet à chacun d’exercer un certain contrôle sur sa vie. Mais cet acte est conditionné par certaines attitudes et croyances qu’il convient de connaître, pour ne pas se laisser dominer par ses émotions ni perturber par des biais cognitifs.
Qu’est-ce que la psychologie financière dans la gestion de patrimoine ?
La psychologie est définie dans le dictionnaire usuel de la psychologie comme « la science des faits psychologiques » ; la psychologie financière est une discipline à part entière qui analyse les comportements humains en lien avec l’argent, c’est-à-dire les interactions qui se produisent entre les individus et la finance. En effet, il est prouvé que les émotions et les biais cognitifs ont une répercussion sur leurs comportements.
La psychologie financière apporte ainsi un éclairage précieux, car en l’intégrant dans la stratégie de gestion de patrimoine, les conseillers sont à même d’offrir à leur client, un service encore plus personnalisé, puisqu’il tient compte de leurs aspirations financières, mais aussi de leurs réactions émotionnelles.
Quelles sont les émotions qui affectent les décisions financières ?
La psychologie financière a mis en avant deux émotions principales qui jouent un rôle primordial chez les investisseurs ; il s’agit de la peur et de la cupidité. Lorsqu’elles sont poussées à l’extrême, elles peuvent être à l’origine de très mauvaises décisions. En effet, si la peur paralyse et ne permet pas d’assurer une gestion de patrimoine efficace, la cupidité présente un danger non négligeable, car elle peut compromettre la sécurité financière à long terme.
La peur
La peur est une émotion que l’homme a toujours ressentie lorsqu’il se trouve en présence d’un danger. Mais cette émotion peut également se produire simplement dans la crainte de sa venue. La peur d’investir peut dès lors s’expliquer par celle de perdre l’argent économisé, par une aversion au risque, mais aussi par un manque d’éducation financière.
Cette émotion peut avoir comme conséquence de perdre de l’argent, même sans prendre aucun risque. C’est le cas, par exemple, pour les sommes qui sont épargnées sur un compte à capital garanti et qui perdent petit à petit de leur valeur en raison de l’inflation.
La cupidité
La cupidité qui correspond à un désir excessif de gains financiers joue un rôle significatif dans la prise de décision des investisseurs. Elle est souvent à l’origine d’actes impulsifs destinés à maximiser les profits à court terme, au détriment de la stabilité à long terme.
Les investisseurs cupides étant toujours prêts à prendre des risques démesurés, les conseillers en gestion de patrimoine sont alors les mieux placés pour repérer cette émotion et les aider à ne pas se laisser tenter par des placements hasardeux.
Quels sont les principaux biais cognitifs qui perturbent les décisions financières ?
À chaque instant, l’être humain doit faire une analyse qui est cohérente avec sa vision du monde. Pour ce faire, il dispose d’informations internes (sa mémoire) et d’informations externes (son environnement). Pour traiter rapidement et plus simplement les informations extérieures, le cerveau utilise des stéréotypes, des préjugés, des croyances, des catégorisations… autant d’éléments qui peuvent induire un biais cognitif. Ces biais sont inconscients et conduisent à des erreurs d’évaluation, de jugement… Ils ne doivent pas être confondus avec des erreurs.
Le biais de confirmation
Le célèbre investisseur américain, Warren Buffett, disait que « l’être humain est le meilleur pour interpréter toute nouvelle information de façon que ses conclusions précédentes restent inchangées ».
Le grand danger que représente ce biais, c’est qu’il ne peut pas être évité tant que l’on n’est pas conscient de son existence. Ici encore, c’est le conseiller en gestion de patrimoine, en tant qu’expert, qui est le plus à même de démontrer la fausseté de certaines croyances, particulièrement celles qui sont propagées dans les médias. Ainsi un investisseur qui craint de perdre ses avoirs est souvent tenté de les vendre très vite, dès qu’il entend parler de la baisse du marché, et de prendre dès lors une décision irréfléchie.
Le biais d’ancrage
Ce biais consiste à se focaliser sur une première information, ce qui fait que l’esprit est incapable de prendre en considération de nouvelles données. Dans le domaine de la finance, on s’aperçoit qu’il est malheureusement très répandu, même si les établissements financiers avertissent toujours les investisseurs en leur précisant que « les performances passées ne préjugent pas des performances futures ». Si celles-ci sont élevées, certains investisseurs se limitent aux résultats à l’instant T et ne tiennent pas compte d’autres indications qui pourraient leur éviter des déconvenues.
Le biais de conformité ou biais d’effet de bande
Ce biais répond à un désir profond d’appartenance. On le retrouve chez la personne qui modifie son comportement pour s’adapter à un groupe. Pour un investisseur, il s’agira de sélectionner un placement, non pas pour son sérieux, ses perspectives de rendement ou sa valeur éthique, mais uniquement parce que, dans son entourage, c’est le placement qu’il faut détenir pour être considéré comme un membre à part entière.
Ce biais s’observe aussi chez les individus qui investissent dans tel ou tel domaine, pour la seule raison que les médias en parlent beaucoup et qu’il est donc « à la mode ».